Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/177

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dans le parterre : Point de maître, point de reine ! La querelle s’échauffe, le parterre se partage, on se bat, et les jacobins eurent le dessous. Leurs touffes de cheveux noirs volaient dans la salle[1] ; une garde nombreuse arrive ; le faubourg Saint-Antoine, averti de ce qui se passait aux Italiens, s’attroupait et parlait déjà de marcher vers ce spectacle. La reine conservait le maintien le plus noble et le plus calme ; les commandans de la garde l’environnaient et la rassuraient. Leur conduite fut active et prudente ; il n’arriva aucun malheur. La reine, en sortant, reçut de nombreux applaudissemens. C’est la dernière fois qu’elle soit entrée dans une salle de spectacle.

Pendant que les courriers portaient les lettres confidentielles du roi aux princes ses frères et aux princes étrangers, l’Assemblée fit inviter le roi à écrire aux princes pour les engager à rentrer en France. Le roi chargea l’abbé de Montesquiou de lui faire la lettre qu’il voulait envoyer. Cette lettre, parfaitement écrite, d’un style touchant et simple, analogue au caractère de Louis XVI, et remplie d’argumens très-forts sur l’avantage de se rallier aux principes de la constitution, me fut confiée par le roi, qui me chargea de lui en faire une copie.

À cette époque, M. Mor...., un des intendans de la maison de Monsieur, obtint de l’Assemblée un

  1. Eux seuls à cette époque avaient quitté l’usage de se poudrer les cheveux.
    (Note de madame Campan.)