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passe-port pour se rendre près du prince, à raison d’un travail indispensable sur sa maison. La reine le choisit pour porter cette lettre ; elle voulut la lui remettre elle-même, et lui fit connaître le motif. Le choix de ce courrier m’étonnait : la reine m’assura qu’il était parfait, qu’elle comptait même sur son indiscrétion, et qu’il était seulement essentiel que l’on eût connaissance de la lettre du roi à ses frères. Les princes étaient sans doute prévenus par la correspondance particulière. Monsieur montra cependant quelque surprise ; et le messager revint plus affligé que satisfait d’une semblable marque de confiance, qui pensa lui coûter la vie pendant les années de terreur.

Parmi les inquiétudes de la reine, elle en avait une trop bien fondée, c’était la légèreté des Français qu’elle envoyait dans des cours étrangères. Elle disait que, pour tirer vanité de la confiance dont ils étaient honorés, dès qu’ils avaient passé les frontières, ils ne cachaient plus les choses les plus secrètes sur les sentimens intimes du roi, et que les chefs de la révolution en étaient instruits par leurs agens dont plusieurs étaient des Français soi-disant émigrés pour la cause de leur roi.

Après l’acceptation de la constitution, on s’occupa de former la maison du roi, tant militaire que civile. Le duc de Brissac eut le commandement de la garde constitutionnelle qui fut composée d’officiers et de soldats choisis dans les régimens, et de plusieurs officiers tirés de la garde nationale de