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Paris. Le roi était content des sentimens et de la tenue de cette troupe qui, comme on le sait, exista fort peu de temps.

La nouvelle constitution détruisait ce qu’on appelait les honneurs, et les prérogatives qui y étaient attachées. La duchesse de Duras donna sa démission de la place de dame du palais, ne voulant pas perdre à la cour son droit au tabouret. Cette démarche affligea la reine qui se voyait abandonnée pour des priviléges perdus, quand ses droits étaient si violemment attaqués. Plusieurs grandes dames s’éloignèrent de la cour par le même motif. Cependant le roi et la reine n’osaient former leur maison pour la partie civile, dans la crainte de constater, par les nouvelles dénominations des charges, l’anéantissement des anciennes, et aussi pour ne pas admettre, dans les emplois les plus élevés, des gens qui n’étaient pas faits pour les remplir. Cette question, si l’on formerait ou non cette maison sans chevaliers et sans dames d’honneur, occupa pendant quelque temps. Les conseillers constitutionnels de la reine pensaient que l’Assemblée, ayant décrété une liste civile suffisante à la splendeur du trône, serait mécontente de voir le roi ne prendre que la maison militaire, et ne pas former sa maison civile sur le nouveau plan constitutionnel. « Comment voulez-vous, Madame, écrivait Barnave à la reine, parvenir à donner le moindre doute à ces gens-ci sur vos sentimens ? lorsqu’ils vous décrètent une maison militaire et