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tions avec la reine[1]. Le roi employa M. Talon et d’autres personnes ; il y eut beaucoup d’argent versé de ce côté pour les frais qu’exigeaient leurs démarches secrètes. La reine n’avait pas de confiance en eux. M. de Laporte, ministre de la liste civile et de la maison, s’occupait aussi de diriger l’opinion publique par des écrits payés ; mais ces écrits n’avaient d’influence que sur le parti royaliste, qui n’avait pas besoin d’être influencé. M. de Laporte avait une police particulière qui donnait d’utiles avis.

J’étais décidée à me sacrifier à mes devoirs et nullement à l’intrigue, et je pensais que, dans une pareille circonstance, je devais me borner à obéir aux ordres de la reine. Je faisais très-souvent partir des courriers pour les pays étrangers, et jamais ils ne furent découverts, tant je prenais de précautions. J’ai dû surtout mon existence au soin que je pris de n’admettre chez moi aucun député quelconque, et de refuser toutes les entrevues que me demandaient souvent les gens les plus marquans. Cette conduite m’avait paru la seule convenable à mon sexe et à ma place à la cour ; mais elle me laissait

  1. Bertrand de Molleville s’occupa, vers le même temps, avec plus de succès, des moyens de contrebalancer l’influence des tribunes par des spectateurs et des applaudissemens dirigés dans un sens favorable à la cour. Voyez, lettre (I), le succès de cette tentative et les circonstances qui le forcèrent d’y renoncer.
    (Note de l’édit.)