Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

en butte à toutes les malveillances, et, le même jour, je me vis dénoncée par Prud’homme, dans sa gazette révolutionnaire, comme capable de faire une aristocrate de la mère des Gracques, si elle avait eu dans son intérieur une femme aussi dangereuse que je l’étais ; et par la gazette royaliste de Gauthier, comme une monarchienne, une constitutionnelle, plus dangereuse aux intérêts de la reine qu’une jacobine.

À cette époque, un événement qui m’était étranger vint me mettre dans une position beaucoup plus critique encore. Mon frère (M. Genet) avait commencé sa carrière diplomatique avec succès. Dès l’âge de dix-huit ans, il fut attaché à l’ambassade de Vienne ; à vingt ans, il avait été nommé premier secrétaire de légation en Angleterre pour la paix de 1783. Un mémoire qu’il présenta à M. de Vergennes, sur les dangers du traité de commerce fait à cette époque avec l’Angleterre, avait offensé M. de Calonne, partisan de ce traité, et surtout M. Gérard de Rayneval, premier commis des affaires étrangères. Tant que M. de Vergennes vécut, s’étant déclaré, à la mort de mon père, le protecteur de mon frère, il le soutint contre les ennemis que lui avait faits son mémoire. Mais, à sa mort, M. de Montmorin, ayant grand besoin de la longue habitude des affaires, qu’il trouvait dans M. de Rayneval, ne se conduisit que par lui et à son instigation. Le bureau dont mon frère était chef fut détruit et réuni aux autres bureaux des affaires