Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/202

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Quelque temps après, l’Assemblée reçut une dénonciation contre M. de Montmorin. On accusait

    entière des Mémoires de la fameuse madame Lamotte contre la reine. Au lieu de les brûler sur-le-champ, ou de les faire mettre au pilon, il les avait renfermés dans un des cabinets de son hôtel. Les progrès alarmans et rapides que faisait l’esprit de révolte, l’arrogance de cette foule de brigands qui dirigeaient et composaient, en grande partie, la populace de Paris, et les nouveaux excès qui en résultaient chaque jour, firent craindre à l’intendant de la liste civile que quelque attroupement ne fît une irruption chez lui dans le moment où il s’y attendrait le moins, n’enlevât ces Mémoires et ne les répandît dans le public. Pour prévenir cet inconvénient, il donna l’ordre de brûler ces Mémoires avec toutes les précautions et le secret nécessaires ; et le commis qui reçut cet ordre, en confia l’exécution au nommé Riston, intrigant dangereux, sujet détestable, ci-devant avocat de Nancy, échappé un an auparavant à la potence, à la faveur des nouveaux principes et du patriotisme des nouveaux tribunaux, quoique convaincu de falsification du grand sceau et de fabrication d’arrêts du conseil, dans une procédure poursuivie aux requêtes de l’hôtel du souverain, où j’avais fait les récolemens et confrontations, au péril d’être assassiné non-seulement par l’accusé, qui, dans une des séances, poussa la fureur jusqu’à se précipiter vers moi un couteau à la main, mais encore par les brigands à sa solde, dont la salle d’audience était remplie, et qui enrageaient de voir que leurs hurlemens menaçans ne m’empêchaient pas de réprimer les insultes que l’accusé faisait sans cesse aux témoins qui le chargeaient.

    » Ce même Riston, qui était encore, un an auparavant, dans les liens d’une accusation capitale intentée contre lui au nom et par ordre du roi, se trouvant chargé d’une commission qui intéressait Sa Majesté, et dont le mystère annonçait l’importance, s’occupa moins de la bien remplir que de faire parade de