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cet ex-ministre d’avoir laissé quarante dépêches de M. Genet, chargé des affaires de France en Russie, sans les avoir même décachetées, parce que M. Genet marchait dans le sens constitutionnel. M. de Montmorin était venu à la barre pour répondre à cette accusation. Quelle que fût la peine que j’éprouvais en ce moment à m’acquitter de l’ordre que j’avais reçu du roi, de venir lui rendre compte de la séance, je crus devoir n’y pas manquer. Mais, au lieu de donner à mon frère son nom de famille, je dis simplement le chargé d’affaires de votre Majesté à Saint-Pétersbourg. Le roi me fit la grâce de me dire qu’il remarquait dans mon récit une

    cette marque de confiance. Le 30 mai, à dix heures du matin, il fit transporter ces imprimés à la manufacture de porcelaine à Sèvres, dans une charrette qu’il accompagna, et en fit faire un grand feu en présence de tous les ouvriers de la manufacture, auxquels il était expressément défendu d’en approcher. Toutes ces précautions et les soupçons qu’elles devaient faire naître dans des circonstances aussi critiques, donnèrent une telle publicité à ce mystère, que la dénonciation en fut faite le même soir à l’Assemblée. Brissot et tout le parti jacobin soutinrent, avec autant d’effronterie que de véhémence, que ces papiers brûlés si secrètement n’étaient et ne pouvaient être autre chose que les registres et les pièces de la correspondance du comité autrichien. M. de Laporte fut mandé à la barre, et y rendit le compte le plus exact des faits. Riston y fut aussi appelé, et confirma le récit fait par M. de Laporte. Mais ces éclaircissemens, quelque satisfaisans qu’ils fussent, n’apaisèrent point la fermentation violente que cette affaire avait excitée dans l’Assemblée. »

    (Note de l’édit.)