Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/204

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mesure qu’il approuvait. La reine voulut bien ajouter quelques mots obligeans à ceux du roi, dont j’étais déjà si touchée que je me retirai très-émue. Cependant mes fonctions de journaliste venaient de me donner un si vif chagrin, que, m’en étant acquittée encore quelques jours, je saisis une occasion où le roi me témoignait sa satisfaction sur la manière précise dont je lui rendais ce compte journalier, pour lui dire que le mérite en était uniquement à M. d’Aubier qui assistait à toutes les séances pour m’en faire le résumé ; et j’osai demander au roi que ce brave homme vînt lui-même rendre compte des séances. Je me permis d’ajouter que, dans un temps où le cœur du roi était déchiré par la conduite de tant de sujets infidèles, il me semblait que des hommes aussi dévoués que l’était M. d’Aubier, méritaient l’honneur d’être rapprochés de Sa Majesté. J’assurai le roi que, s’il le permettait, ce gentilhomme pouvait, sans être vu, entrer chez la reine par la porte de mon appartement ; le roi y consentit. Dès-lors M. d’Aubier fut admis dans cet intérieur, et donna au roi des preuves multipliées de zèle et d’attachement, unies à beaucoup d’intelligence.

La reine n’avait plus M. le curé de Saint-Eustache pour confesseur, depuis qu’il avait prêté le serment constitutionnel. Je ne me rappelle pas le nom de l’ecclésiastique qui lui succéda dans cette fonction ; je sais seulement qu’il était introduit chez elle avec le plus grand mystère. Leurs Majestés ne faisaient