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proposées[1]. Cependant elle me dit, quelques jours après, qu’elle accepterait les 24,000 francs de M. de La Ferté, parce qu’ils serviraient à compléter une somme que le roi devait donner. Elle m’ordonna donc d’aller prendre ces 24,000 francs, de les réunir aux 100,000 francs qu’elle m’avait confiés, et de changer le tout en assignats pour en augmenter la valeur. Ses ordres furent exécutés, et les assignats remis au roi. La reine me confia que madame Élisabeth avait trouvé un homme de bonne volonté qui s’était chargé de gagner Pétion pour une somme considérable, et que ce député, par un signe convenu, avertirait le roi de la réussite du projet. Sa Majesté eut bientôt l’occasion de voir Pétion, et la reine lui ayant demandé, en ma présence, s’il en avait été content, le roi répondit : « Ni plus content, ni plus mécontent qu’à l’ordinaire ; il ne m’a pas fait le signe convenu, et je crois que j’ai été trompé. » La reine voulut bien alors m’expliquer entièrement l’énigme : « Pétion, me dit-elle, devait, en parlant au roi, tenir, au moins pendant la durée de deux secondes, le

  1. M. Auguié, mon beau-frère, receveur-général des finances, lui avait fait offrir, par sa femme, un porte-feuille contenant cent mille écus d’effets. La reine dit, à ce sujet, à ma sœur les choses les plus attendrissantes sur le bonheur qu’elle avait eu de contribuer à la fortune de sujets aussi fidèles qu’elle et son mari, mais refusa son offre.
    (Note de madame Campan.)