Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/240

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commencement de l’arrivée de la cour aux Tuileries, je vous ai donné un espion de société[1], et vous en fis donner un autre de la police à votre porte ? On m’assurait que vous receviez cinq ou six des plus virulens députés du tiers ; mais c’était cette femme de garde-robe qui logeait au-dessus de vous. Enfin, dit la princesse, les gens vertueux n’ont rien à redouter des méchans, quand ils sont attachés à un prince aussi juste que l’est le roi. Quant à la reine, elle vous connaît et vous aime depuis qu’elle est en France. Vous allez juger de l’opinion du roi sur vous : hier au soir, dans le cercle de famille, il a été décidé que, dans un moment où les Tuileries peuvent être attaquées, il fallait avoir les détails les plus vrais sur les opinions et la conduite de tous les individus qui composent le service de la reine. Le roi prend de son côté, pour ce qui l’entoure, la même précaution. Il a dit qu’il avait chez lui une personne d’une grande intégrité qu’il chargerait de ce soin, et que, pour la maison de la reine, il fallait s’en rapporter à vous ; qu’il avait jugé votre caractère depuis long-temps, et qu’il estimait votre véracité. »

  1. C’était M. de P....., qui me l’avoua ensuite, en me disant que, s’il avait accepté cette vilaine commission, c’est qu’il était sûr que ma société n’était composée que de royalistes, et que d’ailleurs il ne doutait pas de la sincérité de mes sentimens.
    (Note de madame Campan.)