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verain. La princesse dit qu’elle connaissait beaucoup de gens de ce caractère, et qu’elle était charmée que je n’eusse que du bien à dire de cet homme, parce que c’était elle qui l’avait placé auprès de la reine.

La totalité de la chambre de Sa Majesté, parfaitement composée, donna, dans toutes les crises affreuses de la révolution, les preuves de la plus grande discrétion et du plus entier dévouement. Il n’en fut pas de même des antichambres. À l’exception de trois ou quatre, tous les serviteurs de cette classe étaient jacobins forcenés, et je vis, dans cette occasion, combien il est essentiel de composer le service intérieur des princes de gens tout-à-fait séparés de la classe du peuple.

La situation de la famille royale était si affreuse pendant les derniers mois qui précédèrent la journée du 10 août, que la reine était arrivée au point de désirer la fin de cette crise, quelle qu’en pût être l’issue. Elle disait souvent qu’une longue captivité, dans une tour au bord de la mer, lui paraîtrait moins insupportable que ces rixes dans lesquelles la faiblesse de son parti annonçait chaque jour une catastrophe inévitable[1].

Non-seulement Leurs Majestés ne pouvaient plus

  1. Quelques jours avant le 10 août, les rixes étaient devenues de plus en plus vives entre les royalistes et les jacobins, entre les jacobins et les constitutionnels ; parmi ces derniers, les hommes qui défendaient avec le plus d’esprit, de courage et