Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/243

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

respirer l’air extérieur, mais elles étaient outragées jusqu’au pied même des autels. Le dimanche qui précéda le dernier jour de la monarchie, pendant que la famille royale traversait la galerie pour se rendre à la chapelle, la moitié des soldats de la garde nationale crièrent : Vive le roi ! l’autre : Non, pas de roi ! à bas le véto ! et ce jour-là, aux vêpres, les musiciens s’étaient donné le mot pour tripler le son de leur voix d’une manière effrayante, lorsqu’ils récitèrent, dans le Magnificat, ces mots : Deposuit potentes de sede. Outrés d’une semblable infamie, les royalistes crièrent à leur tour par trois fois : Et reginam, après le Domine salvum fac regem, et la rumeur fut extrême tout le temps de l’office divin.

    de constance, les principes qu’ils professaient, étaient aussi les plus exposés aux périls. — Montjoie cite l’anecdote suivante :

    « On agitait avec frénésie dans l’Assemblée nationale la question de la déchéance. Ceux des députés qui votaient contre cette scandaleuse discussion étaient injuriés, maltraités, environnés d’assassins. À chaque pas qu’ils faisaient, ils avaient un combat à livrer ; ils en étaient réduits à n’oser coucher dans leurs maisons. De ce nombre, entre autres, furent Regnault de Beaucaron, Froudière, Girardin et Vaublanc.

    » Girardin se plaignant d’avoir été frappé dans un des couloirs de l’Assemblée, une voix lui cria : Dites où vous avez été frappé ? Où, répondit Girardin, belle question ! Par derrière. Est-ce que les assassins frappent autrement ? » (Histoire de Marie-Antoinette, p. 361.)

    (Note de l’édit.)