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des gens qui avaient péri ; elle daigna me parler de l’incendie de ma maison. Sans la moindre exagération, je regardai cette perte comme une misère qui ne devait pas l’occuper, et je le lui dis. Elle me parla de la princesse de Tarente qu’elle aimait et estimait infiniment, de madame de La Roche-Aymon, de sa fille, des autres personnes qu’elle avait laissées au palais, et de la duchesse de Luynes qui devait avoir passé la nuit aux Tuileries. Elle me dit à son sujet : « Sa tête a été l’une des premières tournées par son engouement pour cette malheureuse philosophie ; mais son cœur l’avait fait revenir, et j’avais retrouvé en elle une amie[1]. » Je demandai à la reine ce que faisaient les ambassadeurs des puissances étrangères dans de pareilles circonstances. Elle me répondit qu’ils n’avaient rien à faire ; que l’ambassadrice d’Angleterre venait de lui faire donner des preuves d’intérêt particulier en lui envoyant du linge pour son fils.

Je lui dis que, dans le pillage de ma maison, tous mes états de caisse avaient été jetés dans le Carrousel, et que chaque feuille de mes mois de dépense était

  1. Pendant la terreur, j’étais retirée dans le château de Coubertin, près de celui de Dampierre. La duchesse de Luynes vint plusieurs fois me prier de lui répéter ce que la reine m’avait dit à son sujet, aux Feuillans ; nous pleurions ensemble, et elle s’en allait en me disant : J’ai souvent besoin de vous faire répéter ces paroles de la reine.
    (Note de madame Campan.)