Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/261

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signée par elle, quelquefois en laissant quatre ou cinq pouces de papier blanc au-dessus de la signature ; que cela m’inquiétait beaucoup dans la crainte qu’on ne voulût faire un mauvais usage de ces signatures. Elle m’ordonna de demander à être admise au comité de sûreté générale et d’y faire cette déclaration. Je m’y rendis sur-le-champ ; j’y trouvai un député dont je n’ai jamais su le nom. Après m’avoir écoutée, il me dit « qu’il ne recevrait pas ma déposition ; que Marie-Antoinette n’était plus qu’une femme comme toutes les autres Françaises ; que, si l’on abusait par suite de quelques-uns de ces papiers épars, portant sa signature, elle aurait alors le droit de réclamer et d’appuyer sa déclaration des faits que je venais de détailler. » La reine regretta de m’avoir donné cet ordre, et craignit d’avoir indiqué, par cette précaution même, un moyen de fabriquer quelques faux écrits dangereux pour elle ; puis elle s’écria : « Mes craintes sont aussi pitoyables que la démarche que je vous ai fait faire. Ils n’ont besoin de rien pour nous perdre ; tout est dit. » Elle nous raconta les détails de ce qui s’était passé depuis l’arrivée du roi à l’Assemblée. Ils sont tous connus, et je n’ai pas besoin de les écrire ; je rapporterai seulement qu’avec des termes ménagés, elle nous dit qu’elle souffrait beaucoup de la tenue du roi depuis qu’il était aux Feuillans ; que son habitude de ne pas se contraindre et son fort appétit l’avaient fait manger comme dans son palais ; que ceux qui ne le connaissaient pas comme elle, ne