Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

en faisant admirer la belle tenue de ses troupes à un officier-général français, alors émigré, lui dit : Voilà de quoi bien battre vos sans-culottes !C’est ce qu’il faudra voir, Sire, lui répondit à l’instant l’officier. La reine ajouta : « Je ne sais pas le nom de ce brave Français, mais je m’en informerai ; le roi ne doit pas l’ignorer. » En lisant les papiers publics, peu de jours avant le 10 août, elle y vit citer le courage d’un jeune homme qui était mort en défendant le drapeau qu’il portait, et en criant : Vive la nation ! « Ah le brave enfant ! dit la reine ; quel bonheur pour nous si de pareils hommes eussent toujours crié vive le roi !

Dans tout ce que j’ai rapporté jusqu’ici de la plus infortunée des femmes et des reines, ceux qui ne vécurent pas près d’elle, ceux qui la connurent mal, la plupart des étrangers surtout, prévenus par d’infâmes libelles, pourront penser que j’ai cru devoir sacrifier la vérité à la reconnaissance. Heureusement qu’il existe encore des témoins irrécusables que je puis attester ; ils diront si ce que j’ai vu, si ce que j’ai entendu leur paraît faux ou invraisemblable.