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conséquences. Je lui répondis, le plus modérément que je pus, que cette demande d’un régiment de ligne était une suite naturelle de l’avis donné par une lettre de M. de La Fayette. J’ajoutai que je lui répondais ainsi de moi-même, le roi ne m’ayant pas autorisé à répondre à une question que Sa Majesté n’avait pu imaginer qu’on osât faire à son ministre. M. Dusaulx et ses trois co-députés repartirent assez mécontens : M. de Condorcet en était un. Des factieux de l’Assemblée nationale ne manquèrent pas de s’en mêler aussi. MM. Alexandre Lameth et Barnave vinrent m’en parler pour m’engager à demander au roi de révoquer l’appel de ce régiment de ligne. Je leur répondis de manière à leur en ôter tout espoir. Le régiment arriva à Versailles sans rencontrer le moindre obstacle. Les cabaleurs firent entendre aux anciens gardes-françaises qu’il était destiné à les remplacer pour la garde du roi, ce qui n’était point vrai ; mais cela servit à leur faire reprendre le projet de venir à Versailles. J’ignore s’ils n’avaient pas d’autre projet que celui d’y reprendre leur poste, ou s’ils voulaient déjà ramener le roi à Paris. Quoi qu’il en soit, l’explosion ne tarda guère à se faire.

Les gardes-du-corps donnèrent un repas de corps aux officiers du régiment de Flandre, et y invitèrent quelques sous-officiers et soldats, ainsi que des gardes nationales de Versailles. C’était l’ancien usage que les corps militaires en résidence fissent cette politesse à ceux qui y arrivaient. Il s’y