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seurs des Évêchés, huit cents gardes-du-corps à cheval et la garde suisse de service. Le 5 octobre, vers onze heures du matin, un de mes valets de chambre vint à Paris me prévenir que la garde nationale parisienne, soldée et non soldée, accompagnée d’une nombreuse populace, hommes et femmes, s’était mise en marche pour Versailles. Le roi était à la chasse sur les hauteurs de Meudon, et je lui écrivis pour lui en rendre compte. Sa Majesté revint assez promptement et ordonna le conseil d’État pour trois heures et demie. Ce conseil était alors composé de huit ministres : M. le maréchal de Beauvau, MM. les archevêques de Vienne et de Bordeaux, garde-des-sceaux, M. Necker, ministre des finances, et MM. les comtes de Montmorin, de La Luzerne, de La Tour-du-Pin et de Saint-Priest, secrétaires d’État.

Je rendis compte au conseil de l’avis que j’avais reçu, et qui avait été confirmé depuis par plusieurs autres rapports. Je représentai le danger qu’il y aurait à attendre cette multitude à Versailles, et je proposai des mesures à prendre en cette circonstance. Elles consistaient à envoyer garder les ponts sur la Seine, par un bataillon du régiment de Flandre, à Sèvres ; par un autre, à Saint-Cloud ; par les gardes suisses, à Neuilly ; enfin, à ce que le roi fît partir pour Rambouillet, où étaient les chasseurs du régiment de Lorraine, la reine et la famille royale, pendant que Sa Majesté irait au-devant des Parisiens avec les deux cents chasseurs