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des Évêchés et ses huit cents gardes-du-corps. Les mille chevaux mis en bataille au-delà du pont de Sèvres, le roi ferait ordonner à la troupe parisienne de rétrograder, et, à défaut d’obéissance, ferait faire quelques charges de cavalerie pour tâcher de la dissiper. Enfin, si on n’y réussissait pas, le roi serait à temps de regagner Versailles à la tête de ses troupes, et de marcher de suite à Rambouillet. Mon avis fut approuvé par M. le maréchal de Beauvau, MM. de La Luzerne et de La Tour-du-Pin, et vivement combattu par M. Necker, secondé par M. le comte de Montmorin et les archevêques de Vienne et de Bordeaux. M. Necker soutint qu’il n’y avait aucun danger à laisser arriver cette multitude à Versailles, où elle ne venait probablement que présenter une supplique au roi ; qu’au pis aller, si Sa Majesté jugeait nécessaire de s’établir à Paris, elle y serait révérée et respectée de son peuple, qui l’adorait.

Je répliquai en opposant à cela le fond et la forme de cette démarche, qui démentaient bien toutes ces prétendues dispositions du peuple de Paris.

Le roi ne s’expliqua point sur le parti qu’il prendrait ; il finit le conseil, et nous sûmes qu’il avait été consulter la reine. Elle lui déclara qu’elle ne voulait, pour quelque motif que ce pût être, se séparer de sa personne et de celle de ses enfans ; ce qui rendait impossible l’exécution de la mesure que j’avais proposée. Dans cette perplexité, on n’en prit aucune et on attendit. Je fis cependant ex-