Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/304

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pédier un ordre pour la caserne suisse de Courbevoie, afin que tout ce qui s’y trouvait du régiment des gardes se rendît immédiatement à Versailles ; ce qui fut promptement exécuté.

L’Assemblée nationale était en séance lorsque l’avis de la marche parisienne lui fut donné par un des députés qui arrivait de Paris. Il y en avait un certain nombre qui n’étaient point étrangers à ce mouvement. Il paraît que Mirabeau voulait en profiter pour porter le duc d’Orléans au trône. C’est alors que Mounier, qui présidait l’Assemblée nationale, repoussant avec horreur cette idée : Bon homme, lui dit Mirabeau, que vous importe d’avoir pour roi Louis XVII au lieu de Louis XVI ? Louis était le nom de baptême du duc d’Orléans.

Mounier, vu l’urgence des circonstances, proposa à l’Assemblée de se déclarer en permanence et inséparable de Sa Majesté ; ce qui fut décrété. Alors Mirabeau insista pour que la députation qui porterait ce décret au roi lui demandât la sanction de quelques autres demeurés en arrière ; entre autres, celui des droits de l’homme, auquel on désirait des changemens. Mais la circonstance emporta la sanction du roi. Quelques citoyennes se présentèrent alors pour offrir des dons civiques ; il paraît qu’on les envoyait pour amuser le tapis en attendant l’arrivée des Parisiens. Elles furent admises, et ce fut une scène ridicule.

M. le comte d’Estaing avait fait monter les gardes-du-corps à cheval, et il les avait postés dans la