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place d’armes, en avant du poste de la garde française qu’occupait un détachement de la garde nationale de Versailles, commandée par un nommé Lecointre, marchand toilier, et de fort méchante disposition. Il trouvait mauvais que les gardes-du-corps la laissassent en seconde ligne, et cherchait à faire naître quelque querelle pour les déloger. Il envoya pour cela des gens qui se glissaient entre les rangs des cavaliers pour inquiéter les chevaux. M. de Savonnières, officier des gardes-du-corps, donnant la chasse à ces polissons, reçut un coup de fusil parti de la garde nationale, et en mourut quelque temps après. M. d’Estaing, qui avait reçu du roi l’ordre secret de ne se permettre aucune voie de fait, renvoya les gardes-du-corps à leur hôtel. Ils furent salués en partant de quelques coups de fusil de la garde nationale de Versailles, et il y eut des hommes et des chevaux qui en furent blessés. En arrivant à leur hôtel, ils le trouvèrent mis au pillage par la populace de Versailles ; ce qui les fit revenir à leur précédente position.

Le régiment de Flandre était sous les armes à la tête de l’avenue de Versailles. Mirabeau et quelques autres députés furent se mêler dans les rangs des soldats ; on assure qu’ils leur distribuèrent de l’argent. Les soldats allèrent courir les cabarets de la ville, et se réunirent le soir qu’on les enferma dans les écuries du roi.

Quant aux gardes-du-corps, M. d’Estaing n’y sut