Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

grand commun fût aggrandi, lui disant qu’étant obligé de donner des audiences à des évêques, à des cardinaux, à des ministres, il lui fallait un logement convenable à sa position. La reine le traitait toujours comme avant l’arrivée de l’archevêque à la cour ; l’intérieur remarqua une seule nuance qui indiquait plus d’égards : le mot Monsieur précéda celui d’abbé ; et l’influence de la faveur est telle, que dès cet instant, et par un mouvement spontané, non-seulement la livrée, mais les gens des diverses antichambres se levèrent au passage de monsieur l’abbé, sans que jamais, à ma connaissance, il y ait eu un ordre donné à ce sujet.

La reine fut forcée, par le caractère du roi, et par le peu de confiance qu’il accorda à l’archevêque de Sens, de se mêler des affaires[1]. Tant que M. de

  1. L’intervention de la reine dans les affaires n’échappa point à l’attention de ceux qui dirigeaient déjà vers la cour des regards presque menaçans. On a lu, dans les Mémoires de Weber, le refus fait par le parlement d’enregistrer des édits présentés par Loménie de Brienne ; l’exil de la magistrature à Troyes ; son rappel et les circonstances de la séance royale contre laquelle M. le duc d’Orléans protesta, et qui fut suivie de l’exil de ce prince à Villers-Cotterets.

    « Les parlemens, dit Monjoye, prirent feu en faveur du duc d’Orléans, et, à travers les ménagemens que gardent toujours les assemblées qui se respectent, il était aisé d’entrevoir dans les diverses remontrances de ces compagnies, qu’on n’y était pas bien disposé sur le compte de la reine. »

    « Cette princesse fut surtout vivement affectée de ce passage