Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/32

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Maurepas vécut, elle évita ce danger ; on le voit par les reproches que le baron de Besenval lui fait dans ses Mémoires, sur ce qu’elle ne profita pas du rapprochement qu’il avait préparé entre elle et ce ministre, qui combattait l’ascendant que la reine et ses intimes auraient pu prendre sur l’esprit du roi.

La reine m’a souvent répété qu’elle ne s’était mêlée qu’une fois des intérêts de l’Autriche ; et seulement pour réclamer l’exécution du traité d’alliance, à l’époque où Joseph II eut la guerre avec la Prusse et avec la Turquie ; qu’elle avait alors demandé qu’on lui envoyât une armée de 24,000 hommes, au lieu de quinze millions, double clause qui avait été laissée en arbitrage dans le traité, le

    d’une de ces remontrances, qui portait le titre de supplications. « Si l’exil est le prix de la fidélité des princes de votre sang, nous pouvons nous demander avec effroi, avec douleur, ce que vont devenir les lois, la liberté publique étroitement liées à la nôtre, l’honneur national et les mœurs françaises, ces mœurs si douces, si nécessaires à conserver pour l’intérêt commun du trône et des peuples.

    » De tels moyens, Sire, ne sont pas dans votre cœur ; de tels exemples ne sont pas les principes de Votre Majesté ; ils viennent d’une autre source. » Les parlemens dirigeaient donc les premières attaques publiques contre la reine ; de même qu’une portion de la cour avait encouragé long-temps des attaques secrètes. Le trône eut ainsi pour premiers adversaires ceux qui lui devaient leur appui ou qui recevaient de lui leur éclat ; ceci peut aider à mettre sur la voie ceux qui cherchent les causes premières de la révolution.

    (Note de l’édit.)