Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/319

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donna de laisser tous les diamans sur le canapé, persuadée que prenant elle-même la clef de son cabinet, et une sentinelle étant au-dessous de cette fenêtre, il n’y avait rien à craindre pour la nuit, et comptant revenir le lendemain de très-bonne heure terminer cet ouvrage.

La même femme, qui avait dénoncé l’envoi du nécessaire, était chargée par la reine du soin de ses cabinets intérieurs ; aucun frotteur n’avait la permission d’y entrer ; elle y renouvelait les fleurs, balayait les tapis, etc. La reine reprenait de ses mains la clef de ses cabinets lorsqu’elle avait fini de les ranger ; mais cette femme, désirant se bien acquitter de ses fonctions, et n’obtenant quelquefois cette clef que de simples minutes, en avait probablement, pour cette seule raison, commandé une à l’insu de la reine. Il est impossible d’en douter, puisque l’envoi des diamans fut le sujet d’une seconde délation dont, après le retour de Varennes, la reine eut connaissance. Elle avait dit formellement que Sa Majesté, aidée de madame Campan, avait emballé la totalité de ses pierreries quelque temps avant le départ ; qu’elle en était sûre, ayant trouvé les diamans et le coton qui servait à les envelopper épars sur le canapé dans le cabinet d’entresol de la reine ; et sûrement elle n’avait pu voir ces apprêts que dans l’espace de sept heures du soir à sept heures du matin. La reine, s’étant trouvée le lendemain à l’heure qu’elle m’avait indiquée, la boîte fut remise à Léonard, coiffeur de Sa Majesté.