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qu’elle préférait. Elle voulut remettre elle-même la boîte qui les contenait au commissaire nommé par l’Assemblée nationale, pour les réunir aux diamans de la couronne. Après les lui avoir donnés, elle lui présenta un rang de perles fines d’une grande beauté, en lui disant « que cet objet avait été apporté en France par Anne d’Autriche ; qu’il était au-dessus de toute valeur par sa rareté ; qu’ayant été substitué par cette princesse aux reines et dauphines, Louis XV le lui avait remis à son arrivée en France ; mais qu’elle le regardait comme propriété nationale. — C’est le sujet d’une question, Madame, lui répondit le commissaire. — Monsieur, reprit la reine, il m’appartient de la décider, et elle l’est. »

Mon beau-père, touchant à la fin de ses jours et mourant du chagrin que lui donnaient les malheurs de ses maîtres, intéressait et occupait beaucoup la reine. Il avait été sauvé de la fureur du peuple dans la cour des Tuileries.

Le jour auquel le roi fut forcé par une insurrection de renoncer à un voyage à Saint-Cloud, Sa Majesté regardait sa perte comme inévitable, si, en partant, elle laissait ce serviteur intime dans l’appartement qu’il occupait aux Tuileries. Elle avait, d’après ces craintes, ordonné à M. Vicq-d’Azyr, son médecin, de lui conseiller les eaux du Mont-d’Or en Auvergne, et de le décider à partir à la fin de mai. La reine m’assura, au moment de mon départ, que, du 15 au 20 juin, le grand pro-