Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/322

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jet serait exécuté ; que n’étant pas de mois de service, madame Thibaut ferait le voyage ; mais qu’avant mon départ, elle avait encore plusieurs choses à m’ordonner. Elle me chargea, à ce moment, d’écrire à ma tante, madame Cardon, qui dès-lors était munie des hardes que j’avais commandées, qu’au moment où elle recevrait de M. Auguié une lettre dont la date serait accompagnée d’un B, d’une L ou d’une M, elle se rendrait de suite avec ses effets à Bruxelles, à Luxembourg ou à Montmédy. Elle me recommanda de bien expliquer le sens de ces trois lettres à ma sœur, de les lui laisser par écrit, pour qu’au moment du départ elle pût me remplacer pour écrire à Arras. La reine avait une commission plus délicate à me confier ; il s’agissait de choisir, parmi mes connaissances, une personne discrète, d’une classe obscure, mais parfaitement dévouée aux intérêts de la cour, pour lui demander si elle voulait recevoir un porte-feuille qu’elle ne remettrait qu’à moi ou à une personne munie d’un écrit de la reine. Elle ajouta qu’elle ne voulait point voyager avec ce porte-feuille, mais qu’il était de la plus grande importance que mon opinion fût mûrie et bien assurée sur la fidélité des gens auxquels il serait confié. Je lui proposai madame Vallayer Coster, aimable, estimable artiste, que je connaissais dès mon enfance, et dont les sentimens n’étaient point douteux. Elle demeurait dans les galeries du Louvre. Ce choix parut bon. La reine se rappela qu’elle l’avait mariée en lui donnant une place de