Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/393

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sans lesquels il n’est point de gouvernement, et par conséquent de paix ni de prospérité pour un peuple.

» Plusieurs orateurs avaient parlé, et tous reconnaissaient qu’il n’y avait pas de loi qui s’opposât au départ de Mesdames. La discussion était dirigée de manière que le parti de la faction regardât comme un triomphe l’ordre du jour sur l’improbation que méritait la commune d’Arnay-le-Duc ; mais un membre ignoré, et seulement remarquable par une taille gigantesque et le volume de sa voix, prend la parole, et s’écrie : « Vous prétendez qu’il n’existe pas de loi, et moi je soutiens qu’il en existe une… C’est le salut du peuple. »

» Le général Menou termina les débats par une de ces phrases caustiques qui manquent rarement leur effet quand elles sont placées à propos, c’est-à-dire lorsque la discussion commence à lasser la multitude. « L’Europe, dit-il, sera bien étonnée sans doute, lorsqu’elle apprendra que l’Assemblée nationale a passé quatre heures entières à délibérer sur le départ de deux dames qui aiment mieux entendre la messe à Rome qu’à Paris. »

» Les débats furent ainsi terminés, et le décret fut conforme à l’opinion de Mirabeau qui eut encore l’honneur de faire adopter sa rédaction ainsi conçue :

« L’Assemblée nationale, attendu qu’il n’existe aucune loi du royaume qui s’oppose au libre voyage de Mesdames tantes du roi, déclare qu’il n’y a pas lieu à délibérer, et renvoie l’affaire au pouvoir exécutif. » (Mémoires de Mesdames, par Montigny, tome I.)

On trouvera, dans ces Mémoires, tous les détails relatifs au séjour de Mesdames à Rome, à Naples et en dernier lieu en Pologne.


Note (I), page 180.

« M. de Laporte, à qui j’avais fait part, quelque temps auparavant, de mon idée relativement aux tribunes, m’avait dit en effet que, dans l’espace de huit ou neuf mois tout au plus, on