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L’ouverture des états-généraux se fit le 4 mai. Pour la dernière fois de sa vie, la reine parut avec la magnificence royale.

Je ne passerai pas sous silence une anecdote connue qui prouve, qu’avant cette époque, une faction avait ourdi des trames contre cette princesse. Lors de la procession des états-généraux, des femmes du peuple, en voyant passer la reine, crièrent vive le duc d’Orléans ! avec des accens si factieux, qu’elle pensa s’évanouir. On la soutint, et ceux qui l’environnaient craignirent un moment qu’on ne fût obligé d’arrêter la marche de la procession. La reine se remit, et eut un vif regret de n’avoir pu éviter les effets de ce saisissement.

La première séance des états eut lieu le lendemain. Le roi prononça son discours avec assurance et noblesse ; la reine m’avait dit qu’il s’en occupait beaucoup, et le répétait souvent pour être maître des intonations de sa voix.

Sa Majesté donna des marques publiques d’attachement et de déférence pour la reine, qui fut applaudie ; mais il fut aisé de remarquer que ces applaudissemens étaient un hommage rendu seulement au roi.

Dès les premières séances, on put s’apercevoir combien Mirabeau serait redoutable à l’autorité. On assure qu’il fit connaître, en ce temps, au roi, et plus particulièrement à la reine, une partie de ses projets, et ses propositions pour y renoncer. Il