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rien ne pourra m’empêcher de regarder cela comme un sinistre présage..... » La quatrième bougie s’éteignit.

On fit observer à la reine que les quatre bougies avaient probablement été coulées dans le même moule, et qu’un défaut à la mèche s’était naturellement trouvé au même endroit, puisque les bougies s’étaient éteintes dans l’ordre où on les avait allumées[1].

Les députés du tiers arrivaient à Versailles avec les plus fortes préventions contre la cour. Les méchans propos de Paris ne manquant jamais de se répandre dans les provinces, ils croyaient que le roi se permettait les plaisirs de la table jusqu’à des excès honteux ; ils étaient persuadés que la reine épuisait les trésors de l’État, pour satisfaire au luxe

  1. « On aura une idée, dit Montjoie, de la vie que la reine menait depuis l’ouverture des états-généraux, par ce qu’elle en marquait à la duchesse de Polignac. Dans une première lettre elle lui écrivait : »

    « Ma santé se soutient encore ; mais mon ame est accablée de peines, de chagrins et d’inquiétudes : tous les jours j’apprends de nouveaux malheurs ; un des plus grands pour moi est d’être séparée de tous mes amis. Je ne rencontre plus de cœurs qui m’entendent. »

    Dans une autre lettre elle écrivait : « Toutes vos lettres à M. de *** me font grand plaisir, je vois au moins de votre écriture ; je lis que vous m’aimez, et cela me fait du bien. Soyez tranquille, l’adversité n’a pas diminué ma force et mon courage, et m’a donné plus de prudence. »

    (Note de l’édit.)