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pleurs maternels cet état languissant et précurseur d’une mort certaine, fit verser à cette princesse, livrée d’ailleurs aux alarmes que lui causait déjà la situation du royaume ! À tant de chagrins se joignirent encore des tracasseries insupportables, quand elles se renouvellent fréquemment. Une désunion ouverte entre les familles et les amis du duc d’Harcourt, gouverneur du dauphin, et de la duchesse de Polignac, sa gouvernante, influa beaucoup sur les afflictions de la reine. Le jeune prince témoignait une grande prévention contre la duchesse de Polignac, qui l’attribuait soit au duc soit à la duchesse d’Harcourt, et venait s’en plaindre à la reine : il est vrai que deux fois le dauphin l’avait fait sortir de sa chambre, en lui disant, avec cet air de maturité que les maladies de langueur donnent toujours à l’enfance : « Sortez, Duchesse, vous avez la fureur de faire usage d’odeurs qui m’incommodent toujours ; » et elle n’en portait jamais. La reine s’aperçut aussi que les préventions contre son amie s’étendaient sur elle-même ; son fils ne parlait plus en sa présence. Il avait pris le goût des sucreries ; elle le sut, et lui présenta quelques pâtes de guimauve et de jujube. Les sous-gouverneurs et jusqu’au premier valet de chambre

    je serai mort, vous présenterez ce gage à mon papa et à maman ; en se souvenant de moi, j’espère qu’ils se souviendront de vous. »

    (Note de l’édit.)