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cette séance. M. Necker voulut en vain s’excuser, en disant qu’on n’avait pas écouté ses avis.

Bientôt les insurrections du 11, du 12 et du 14 juillet ouvrirent la scène de désastres dont la France était menacée. Le massacre de M. de Flesselles et de M. de Launay fit répandre à la reine des larmes bien amères, et l’idée que le roi avait perdu des sujets dévoués lui déchirait le cœur.

Le soulèvement ne portait plus le seul caractère d’insurrection populaire : les mots vive la nation ! vive le roi ! vive la liberté ! avaient jeté la plus grande lumière sur l’étendue du plan des réformateurs. Cependant le peuple parlait encore du roi avec amour, et semblait le considérer comme propre, par son caractère, à favoriser le vœu de la nation pour la réforme de ce que l’on appelait les abus ; mais on le croyait arrêté par les opinions et l’influence de M. le comte d’Artois et de la reine ; et ces deux augustes personnes étaient alors les objets de la haine des mécontens. Les dangers que courait M. le comte d’Artois déterminèrent la première démarche du roi auprès de l’Assemblée nationale. Il s’y rendit, le 15 juillet au matin, avec ses frères, sans cortége, sans gardes, y parla debout et découvert, et prononça ces paroles mémorables : « Je me fie à vous, je ne veux faire qu’un avec ma nation ; et, comptant sur l’amour et la fidélité de mes sujets, j’ai donné ordre aux troupes de s’éloigner de Paris et de Versailles. » Le roi revint à pied de la salle des états-généraux jusqu’à