Page:Carné - Souvenirs de ma jeunesse au temps de la Restauration.djvu/103

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par la violence. L’infant D. Miguel se trouvait à la veille d’atteindre le terme de sa majorité politique, fixée à vingt-cinq ans ; il allait quitter Vienne pour prendre, conformément aux dispositions prescrites par D. Pedro, possession de la régence au nom de la jeune princesse, dont il avait accepté la main. Durant cette crise d’attente, le gouvernement du royaume restait confiée à la fille aîné du roi Jean VI. Cette princesse, d’une santé débile, avait un esprit droit mais incertain ; et son cœur, partagé entre une égale affection pour ses deux frères, était trop faible pour la défendre contre les menaces de la reine-mère, femme énergique, qui avait voué à l’aîné de ses fils une haine implacable.

Arrivé à Londres dans les derniers mois de 1827, l’infant D. Miguel y fit un assez long séjour. Il reçut en Angleterre, avec une hospitalité splendide, des conseils qu’il déclara de tous points conformes à ses propres sentiments. Il y réitéra spontanément la promesse de rester le sujet fidèle de la reine encore enfant dont il était appelé à partager bientôt le trône et la couche, et s’engagea, dans des termes qui excluaient tout équivoque, à respecter les institutions fondamentales données au Portugal par le prince qu’il appelait alors son auguste frère et roi.

Le cabinet britannique s’empressa de transmettre à Lisbonne, où les deux Chambres étaient en ce moment rassemblées, ces déclarations qui, malgré leur caractère affirmatif, n’y rassurèrent pourtant personne. Les partis qui s’abusent souvent dans leurs espérances se