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religion, laissent pousser leurs cheveux, de sorte qu’ils leur couvrent tout le corps, et laissent croître leurs ongles sans jamais les couper plus que leurs cheveux, de sorte qu’ils deviennent pointus et tranchants comme des épées. Ce qui était décrit par ces anciens se retrouve exactement encore de nos jours. L’Inde est une nation aux doctrines immuables, et depuis l’antiquité la plus reculée sa religion et les erreurs superstitieuses qu’elle entraîne avec elle n’ont subi de changement.

C’est sans exactitude que quelques voyageurs ont appelé ces pénitents du nom de Fuquirs. Le mot de Faqir, qui signifie pauvre, appartient à la langue arabe et no peut s’appliquer qu’à des religieux musulmans, i. qui On le donne non-seulement dans le sens propre, mais encore dans le sens figuré et métaphysique. Le nom des religieux indiens est tout différent, on les appelle dans leur langue saniassis-nirvahnis (saints nus), ou yoguis (unis à Dieu). Le brahmane qui veut atteindre l’état parfait doit parcourir les quatre degrés de probation nommés brahm-tchari, gsrisehte, kanperilz et saniassi ; chacun de ces degrés exige des privations et souffrances graduées, au moyen desquelles on arrive à dompter la nature corporelle jusqu’à ce qu’on parvienne à l’état de saniassi ou sont, portage exclusif de la caste sacerdotale des hrahmes ; mais tout individu, sans distinction de caste, peut se constituer yogui en surpassant le saniassi pur le nombre et la qualité des tapasstis ou tortnres imposées au cOrps par esprit de pénitence. Le saniassi s’enfonce avec humilité dans les déserts, tandis que le yogui s’inflige ses efforts de souffrance avec ostentation dans les lieux publics.

Tavernier, dans son Voyage aux Indes, t. II, p. 346, 347, décrit la série incroyable des ta/passas ou pénitences cruelles qu’ils s’infligent. On voit ces malheureux représentés dans les postures les plus extraordinaires dans ses pl. des pages 344 et 447. Les mémés superstitions ont lieu au Tonquin, car Tavernier, 1.111, p. 89, donne dans sa planche le dessin de semblable pénitents. Depuis Cicéron, ils sont toujours les mêmes, et depuis Tavernier jüsqu’à nous ils n’ont pas changé davantage, car on les retrouve encore dans l’ouvrage récent qu’un missionnaire, l’abbé Dubois, a publié sur les mœurs, institutions et cérémonies des peuples de l’Inde (T. I, p. 249, 286 ; II, p. 260, 273, 277, 514). Dans des siècles on les retrouvera de même.

L’Hindou qui veut ainsi se livrer à la méditation contemplative, pour s’anéantir en Dieu, doit briser violemment avec le monde. Il abandonne sa maison, >a femme et ses enfants, n’emportant avec lui pas même le plus léger vêtement. Si c’est un brahmane, il rompt son cordon distinctif, ce qui le prive à jamais de sa Caste. Il y a par surérogation dix-huit