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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/121

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POÉSIES DE 1830

POÉSIES DE 1830 107 Dans le numéro du Mercure du XIX siècle (1825, page 529) M. de Latouche publie des fragments encore inédits du poème avec ce commentaire : "C’est dans l’hôpital Saint Louis, vers la fin de l’année 1812, que le Pauvre Pierre fut accueilli. Son existence n’est point une fiction. Il employait l’éloquence de ses paroles à consoler les infirmes. Souvent dans le silence des nuits, ce mystérieux indigent, qui peut-être avait été un poète, élevait des plaintes touchantes… Pierre avait rencontré plus d’une fois dans les jardins de l’hospice une jeune fille qui avait coutume d’y cacher sa douleur. Cet épisode du poème en est le morceau le plus frappant. C’est là que l’auteur a ras- semblé toute la grâce et tout le pathétique qui sont le carac- tère de son beau talent… etc. Il faut remarquer que Latou- che révèle la date où se passe l’histoire du Pauvre Pierre vers la fin de 1812-tandis qu’Alibert ne donne pas ce détail. La connaissait-il ? L’avait-il apprise de Marceline ? On est sûr toufefois que la jeune fille qui traînait son secret dans l’humide solitude du cloître est la poétesse elle- même. C’est en effet vers la fin de 1812 que Marceline délaissée de son amant, repoussée par son oncle Constant, accablée de remords et de craintes, se rendait souvent à l’hôpi- tal Saint-Louis, où le bon docteur Alibert, médecin en chef, lui soignait le corps et l’âme. Connaissant le talect et le goût de la poétesse, Alibert l’avait introduite dans le cercle d’écri- vains et d’artistes qu’il avait abrité dans cet hospice. Ce fut peut-être la publication de la Physiologie des Passions, en 1825, qui l’aurait décidée à fixer dans des vers touchants le souvenir de ces tristes jours. M. Guégan dit à ce propos : " Comment pourrait-on expli- quer, si Latouche était l’amant, que Marceline l’eût prié de présenter cette histoire ? Comment pourrait-on expliquer qu’il l’eût accepté ?, , Nous nous permettons, cependant, de faire remarquer que Marceline, foncièrement bonne, avait déjà pardonné à son amant volage. Au Pauvre Pierre qui lui demande pour qui elle prie, la jeune femme répond :