Aller au contenu

Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/128

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

114 POÉSIES DE 1830 "-Mais saurez-vous le chemin pour aller et revenir ? insista l’oncle Jean.. " —Nous demanderons, mon oncle, et si vous voulez ve- nir avec nous, vous nous ramenerez avant le coucher du soleil. "L’oncle Jean ne put se défendre d’être attendri des bon- nes intentions des voyageurs ; mais jugeant à propos de remet- tre l’exécution du projet à une autre fois, il songeait en lui- même au moyen d’en détourner les enfants sans les affliger, lorsqu’il aperçut un officier de hussards, cheminant à cheval sur la route et qui logeait, dans ce pays de guerre, chez le riche propriétaire du perron doré, père de Ferdinand. Le parti de l’oncle Jean fut pris à l’instant même. Conduisant les en- fants vers le colonel qui le saluait cordialement, il se décou- vrit, et lui raconta en ces termes le projet de voyage des pe- tits Flamands, et le motif qui le leur faisait entreprendre : "-Voici, dit-il, monsieur le colonel, deux enfants saisis de l’amour de la liberté, qui ont mis dans leur tête d’aller la chercher à Paris, où l’on assure qu’elle habite en ce moment. Vous devez savoir de plus que ces innocents n’ont pas d’autre intention, dans cette grande entreprise, que de rapporter la liberté à un pauvre diable enfermé dans la tour Notre-Dame, pour avoir manqué à l’appel : ce qui fend le cœur des petites créatures. Si j’osais comme votre humble voisin, et comme oncle du frère et de la sœur entraînés dans cette grande aven- ture, vous prier de faire sortir ce pauvre soldat, vous épar- gneriez un voyage lointain à ces jeunes chevaliers errants qui vont se perdre peut-être dans la capitale, sans un liard dans leur poche. Vous sauveriez de plus à madame Aldenhoff (c’est le nom que, dans ce récit, Marceline donne à sa mère, Ca- therine Desbordes) la surprise du départ de ses deux enfants, qu’elle doit déjà chercher en ce moment avec d’affreuses in- quiétudes. "Le colonel de hussards, que les enfants regardaient de tous leurs yeux, prit la main du jeune peintre et lui dit qu’il croyait pouvoir promettre la liberté du soldat, en considéra- tion de ses défenseurs. Sur ces propos qui les amusaient, en dépit de l’air grave des quatre auditeurs arrêtés sur la