Aller au contenu

Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/164

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

150 LES PLEURS Les ailes et les plumes constituent une image obsédante sous la plume de Marceline. Le 24 juillet 1837, elle écrit à Caroline : "Après quoi nous irons te visiter en masse, si les projets de cœur peuvent quelquefois arriver à leur but, sans être éffeuillés en route par les grandes ailes du Destin ; j’ai une horrible expérience de ces vilaines ailes-là., , Elle mande à la même : "J’irai donc à Orléans sous peu de jours et je descendrai chez toi comme un pigeon voyageur, que tu re- connaîtras à ses plumes absentes et à la fidélité de son instinct. „ Le 22 avril 1837, elle avait déjà écrit à Mélanie Waldor:Je suis, moi, comme une plume dans l’air; je tourne à bien des vents contraires et je me meurs de fatigue inutile., , (Lettre inédite de la Bibliothèque de Douai). (1 L’épigraphe des Mots tristes est de Madame Amable Tastu. Sabine-Casimire Amable Voïart, née à Metz le 31 août 1798, avait épousé en 1816 Joseph Tastu, imprimeur à Perpignan. Elle s’installa à Paris, avec Tastu peu après son mariage, et publia en 1826 son premier recueil de Poésies. Un second recueil, paru en 1829 sous le titre Chronique de France, ne rencontra aucun succès auprès du public. Joseph Tastu, durement éprouvé par la crise économique qui suivit la révolu- tion de 1830, dut vendre son imprimerie et solliciter une place. de bibliothécaire. Sa femme vécut dès lors très retirée et n’écrivit plus que des livres pour les enfants. Sainte-Beuve a dit de sa poésie : "Mme Tastu se rattache à l’école nouvelle par un grand sentiment de l’art dans l’exécution. Cette pensée rê- veuse et tendre aime à revêtir le rythme le plus exact, à la façon de Béranger que par endroits elle imite un peu. (Por- traits Contemporains). Et Marceline qui lui avait voué une tendre amitié écrivait d’elle : "Mme Tastu, modèle des femmes C’est une âme pure et distinguée qui lutte avec une tristesse paisible contre sa laborieuse destinée. Son talent est, comme sa vertu, sans tache. Je l’aime ; je la trouve souffrante et jamais moins courageuse. Douce femme, que je voudrais oser nommer sœur., , (Bertrand Guégan, ouvrage cité, p. 390).