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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/165

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LES PLEURS 151 8. Quand tu souris en homme à ces tendres orages (TOI ME HAIS-TU ?) Publiée d’abord dans le Talisman, 1832, sous le titre : Laisse-moi t’aimer. "Les années 1831-1834, écrit M. Bertrand Guégan, sont parmi les plus tragiques que les Valmore aient eues à vivre. Le théâtre de Lyon avait fermé ses portes à cause des émeu- tes. Engagé à Rouen, Prosper Valmore avait été sifflé (Voir au tome I, le Calendrier Valmorien. Après des démarches sans nombre, Marceline réussit à le faire entrer à la Porte- Saint Martin. Un nouvel insuccès lui était réservé à Paris. Valmore finit par retourner à Lyon, et la famille fut de nouveau séparée. Cette série de déboires avait terriblement déprimé Valmore, qui pensa même un moment à se suicider pour ne plus être à charge à sa femme. Plusieurs poésies des Pleurs reflètent cet état de nervosité et de découragement dans lequel ont vécu les époux, les orages et les dissentiments pas- sagers qui ont pu les séparer, mais aussi l’amour profond qui les unissait à travers toutes ces épreuves. Les pièces qui ont pour titre:Toi me hais-tu, Minuit, Malheur à moi, Ne viens pas trop tard, L’attente, etc. ont certainement été inspirées par Prosper Valmore. D’autres, nous ne le nions pas, ont été inspirées par l’amant, dont le souvenir était encore vivace ; mais le mari tient dans les Pleurs une bien plus grande place que dans les recueils précédents. Voici, d’ailleurs, quelques frag- ments de lettres de Marceline adressées à son mari à l’époque où elle écrivait les Pleurs; rien ne pourrait mieux expliquer son état d’âme: $6 Paris, le 7 novembre 1832. … Il est dix heures et je me délasse dans le plaisir de causer avec toi; car, je le répète, le bonheur de te voir me man- que cruellement. Des longues rues de Paris, au bout desquelles je ne dois pas me retrouver avec toi, me sont d’une tristesse insupportable….,