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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/173

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LES PLEURS Notre-Dame de Douai surgit, qu’avait dévastée la révolution. et où le " timbre pur de l’enfant remplaçait l’orgue absente D’une voix frêle mais jolie, Marceline chantait, toute jeune, des romances dont elle imaginait le texte, et c’est en l’enten- dant un jour que sa mère eut l’idée de lui faire enseigner le chant. Mais laissons la parole à Marceline, qui a conté elle- même cette histoire dans les Petits Flamands où elle se met en scène sous le nom d’Agnès (Scènes et Contes, p. 261) : Agnès, encouragée par le silence profond qui ré- gnait dans la chambre, essayait le premier souffle de son go- sier mélodieux, composant le chant et les paroles, et racon- tait le tout à son oiseau qui l’écoutait à son tour : "Je suis Agnès, je suis Agnès, ah ! ah ! Et j’ai deux mères, et j’ai deux mères, ah ah ! Et toi oiseau, tu es oiseau, ah ah ! Et moi je t’aime, et moi je t’aime, ah ah ! Je grandirai, je grandirai, ah ! ah ! J’aurai des ailes, j’aurai des ailes, ah ah ! Mon père est bon, mon père est bon, ah ! ah ! Et je l’embrasse, et je l’embrasse, ah ah ! 159 Et toi qui chantes, et toi qui chantes, ah ah ! Je te dis tout, je te dis tout, ah ! ah ! "Ce petit poème était entremêlé de roulades impossibles, mais d’une telle douceur pour l’oreille des femmes qui l’écou- taient, que leur cœur en était fondu de tendresse. "Il faut absolument, dit tout bas madame Catherine à sa belle-mère en l’emmenant au fond de l’allée, faire venir M. Mouton, l’organiste de Notre-Dame, pour qu’il entende la voix d’Agnès et lui apprenne les notes en musique. Mon Dieu ! que cette enfant chantera bien ! oui, et qu’elle aura de feu ! Qu’en pensez-vous ma mère ? "Je le crois comme vous, répondit la mère de Félix, et je prédis qu’elle aura cette voix de famille dont il m’est bien permis d’être fière.,