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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/174

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160 LES PLEURS T Marceline, dont la voix était agréable bien que frêle, ainsi que nous l’avons dit, dut abandonner le chant après la nais- Isance de sa fille Ondine ; car sa voix "la faisait pleurer "Telle une jeune femme, écrit-elle dans l’Atelier d’un peintre, dont le nom pouvait devenir cher aux arts, fut condamnée à se taire, dans l’impossibilité d’entendre et de supporter ses propres chants d’une mélancolie enivrante, réagissant avec tant d’empire et de force sur son cœur, qu’elle pâlissait, fondait en larmes, et souvent finissait par perdre connaissance., , Toute la famille Desbordes chantait ; Marceline le rappelle dans le même roman avec mélancolie. "Elle revoyait, dit-elle, une rue flamande, calme, silencieuse, animée seulement en été par leurs concerts de famille, où, le soir, autour de l’humble porte verte, on était assis sur la fraîcheur du seuil, formé d’une vaste pierre unie et bleue… » Plus loin elle évoquera la voix de son père : " M. Léo- nard (l’oncle Constant) avait la voix de son frère. Il ne savait pas quel triste et pieux souvenir il éveillait en elle, (elle, c’est Marceline) ; il ne savait pas qu’autrefois, quand elle était sur les genoux de son père, où on la croyait endormie, elle sen- tait son cœur se fondre et ses joues se couvrir de larmes à ce timbre sensible et sonore qui tremblait dans son oreille. La voix de Dieu sera comme cela, pensait la petite fille qui savait ses prières. Et sous le voile de ses cheveux blonds elle se pressait sur la poitrine puissante de son père, comme si elle eût dit : " Mon père, priez pour moi. En 1847, Marceline offrit au Musée de Douai le portrait de son père, peint par Constant Desbordes. Voici la lettre qu’elle écrivait à Duthilloul en le priant de remettre cette peinture au Musée : "Paris, 19 mars. Monsieur et cher compatriote. "Votre âme vous dira ce qui vient de se passer dans la mienne. Mon pieux hommage est présentement dans vos mains. C’est vous qui l’offrirez à la ville natale de votre peintre, et c’est honorer le peintre et la ville qui n’avait aucune preuve parlante de son amour. Je me suis arrachée avec larmes au