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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/175

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LES PLEURS portrait de mon père. Si l’on vivait toujours, je sens que vous ne l’auriez pas reçu ; mais de douces et tristes arrière-pensées m’ont aidée à cet adieu précoce. Il est présentement dans un sanctuaire, à l’abri des mutations du sort. Avant de l’avoir retrouvé ailleurs, mon âme ira le saluer là, au milieu de tout ce qu’il a aimé. Ne me plaignez donc pas, cher Monsieur, j’ai en moi de quoi me consoler ; car j’ai accompli cette action comme un devoir envers les deux frères, et jamais frères ne se sont plus aimés. 161 "Ce portrait a eu l’honneur du salon en 1819, je crois, et la Médaille d’or qui n’a pas rendu le peintre plus fier. Sinon la vie, jamais portrait n’a été plus ressemblant. "Vous aurez la bonté de me rassurer et de me dire si cet envoi vous est bien arrivé. Vous aurez compris, j’en suis sûre, le sentiment particulier d’estime qui m’a fait vous l’en- voyer directement, afin que ce soit par vous que ma chère ville natale en reçut l’offrande au nom de Marceline Desbor- des-Valmore (1). „ Le 2 janvier 1848, Marceline écrivait, au sujet de ce portrait, à son frère Félix, alors hospitalisé à Douai : "Tu ne m’as jamais répondu relativement au portrait de notre bon père peint par mon oncle et que j’ai envoyé au Musée de Douai. Ce portrait y est certainement, et j’ai cru que ce se- rait un bonheur pour toi d’aller l’y voir. Bonheur doulou- reux, je le sais, comme tous ceux qui nous restent ! J’ai dans le temps beaucoup pleuré de cet hommage au pays de mon père ; mais je l’ai courageusement fait dans l’idée secrète que son âme en serait contente, que le talent de notre pauvre oncle serait ainsi en souvenir à la ville natale, et que ce portrait fort beau, qui a valu à Paris la médaille d’or à son peintre, ne courrait plus ainsi le risque d’être perdu ou gâté durant les absences forcées dont nous étions alors menacés à chaque instant. Ne vas-tu pas au Musée ? Est-ce un obstacle ou un chagrin pour toi ?… Je t’aime bien et te remercie de planter (1) Lettre inédite conservée à la Bibliothèque de Douai. G. Cavallucci Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore