Aller au contenu

Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/181

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LES PLEURS 167 Pauline Duchambge, la légère Branchu se convertit à la reli- gion du souvenir ; et peut-être est-ce l’amour qu’elle garda à l’infedèle Pierquin qui lui conquit l’amitié de Marceline. Celle- ci reçut souvent à Paris la pauvre chanteuse ; elle vint la voir plusieurs fois à Orléans avec ses enfants, enfin elle ne cessa jusqu’à sa mort de lui adresser des lettres affectueuses qui témoignent que jamais "un nuage ne passa entre leurs deux cœurs, (Bertrand Guégan). Dans ces lettres de Mme Desbords — Valmore à Caroline Branchu nous avons cueilli quelques phrases émouvantes où la poétesse soutient et console sa vieille amie désespérée, mais toujours ardente : "… Je vous admirais avec tant de joie, ma bonne Caro- line ! de cette joie sérieuse que donne un grand talent. Je ne savais pas trop vous le dire ; car vous n’etiez pas là quand je pleurais de vous entendre. Mais vous avez bien vu sur ma pen- sive personne quelques traces de ces émotions profondes qui ne se révèlent bien qu’à ceux qui les inspirent. Je vous jure que c’est toujours à cause de vous que je n’entends jamais prononcer le nom d’Alceste et de Didon (les meilleures créa- tions de Mme Branchu) sans tressaillir comme si je vous voyais ; il ne m’est pas possible de leur prêter une autre voix et d’autres traits que les vôtres., (Lyon 4 mars 1830). "Tu as un cœur de reine et d’enfant, Caroline, et je t’apprends si tu l’ignores que tu es la meilleure des femmes. (3 novembre 1837). A propos d’un concert que Caroline avait organisé dans un village, Marceline lui écrit : 11 "6… Ton charmant sabbat m’a forcée de rire. Comment as-tu incrusté toi et Martini dans ces gosiers de village ? Je te vois d’ici avec ton étonnement sublime. Ah ! ta place était au conservatoire où l’empereur t’aurait sacrée reine de l’harmonie, ,. (1 janvier 1841). … Oui ! Caroline, écrit encore Mme Desbordes-Valmore, le 12 avril 1843, tu aurais bien fait de venir, si tu l’avais pu, relever tes idées abattues à force d’être tendres. Il te fallait une vie d’amour, parce que ton âme en est faite. Trop de recueil-