LES PLEURS aux applaudissements de tous les spectateurs. Ce fut, je vous assure, un beau moment. "A ces couronnes étaient attachés des billets, dont on a demandé lecture. L’inexorable règlement de police, pour cette fois, a bien voulu se taire et Valmore est venu faire confidence au public des hommages poétiques adressés à Paganini. Des trois pièces qu’il a lues, nous n’avons pu nous en procurer que deux ; les voici : A PAGANINI (L’auteur de ces vers est M. Valmore) D’où s’échappe la voix frémissante et cachée Qui vibre dans tes doigts ? Est-ce une voix de fée ? Dis-nous ? Est-ce un caur d’homme aux pleurs harmonieux, Un sourire de femme égaré dans les cieux ? Ce coloris des sons, fascinante merveille, Semble créer pour nous le prisme de l’oreille. Le cœur bat, l’âme écoute et meurt de tes accens, L’ivresse à flots pressés ruisselle dans nos sens : Si ton rapide archet de ses ailes de flammes Vole comme l’éclair sur tes brillantes gammes, Jetant des notes d’or dans un sillon de feu, N’est-ce pas qu’en ton sein vient s’agiter un dieu ? De la divinité, toi vivante étincelle, Toi seul prouverais l’âme et sa source immortelle ; Quand ton génie altier sait d’un sublime écart Renverser à tes pieds les barrières de l’art, 177 On dirait sous ta corde et sans frein et sans règle Un nid de rossignols couvés par des yeux d’aigle ! "L’épigraphe de la page 310 reproduit les deux derniers vers de l’hommage de Prosper Valmore., , (Bertrand Guégan, II, pp. 406-407). Le 21 novembre 1832, Marceline écrit à son ami Lepeytre pour lui annoncer le passage à Marseille de la cantatrice Mazi et du merveilleux Paganini qu’elle avait entendus à Rouen, le G. Cavallucci — Bibliographie de Marceline Desbordes-Valmore 12