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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/218

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204 PAUVRES FLEURS Desbordes — Valmore, auquel nous empruntons le passage qui suit : "Au milieu de cette population préoccupée tout entière d’intérêts matériels, je savais cependant que je devais rencon- trer, enchaînée à Lyon par ses devoirs de mère et de femme, une des organisations les plus poétiques de notre époque, Mme Marceline Valmore que je connaissais depuis longtemps par ses œuvres, et depuis un an ou deux personnellement. La pauvre prophétesse exilée, qui, à Paris, serait l’honneur de nos salons, était là aussi ignorée que si elle eût habité un village des Landes ou de la Bretagne, et elle se gardait bien de rompre son incognito de peur qu’à la moindre révélation de son beau talent, le petit cercle d’amis au milieu duquel elle vit, ne s’éloignât d’elle. Aussi me reçut-elle comme un frère dans le même dieu, dieu inconnu à Lyon, et à qui elle n’osait adresser, que dans la solitude et l’isolement, ses subli- mes prières. A force de la tourmenter, je parvins à lui faire ouvrir le tiroir d’un petit secrétaire fermant à secret, et dans lequel étaient cachées à tous les yeux ces fleurs nées dans l’ombre, et dont elle me permit d’emporter une des plus fraî- ches et des plus humides ; ce qu’elle n’eût pas fait, sans doute, si elle eût pu penser que je serais assez indiscret pour trahir son incognito. "La maison de ma mère. "Maison de la naissance, ô nid ! perle du monde…….. Lyon sera bien humilié lorsqu’il apprendra que le bruit de ses trente mille métiers inspire de pareils vers ; il est vrai qu’il se consolera en pensant que Mme Valmore n’est pas du (1 commerce… " Nous avons déjà parlé de Catherine Desbordes au cours de notre note sur le Convoi d’un ange, (Les Pleurs, N° 67). Mais le portrait que Marceline trace de sa mère dans les Petits Flamands est d’une telle grâce que nous ne pouvons résister au plaisir de le reproduire : "Alors entra Madame Catherine, riante et les mains pleines d’écheveaux de son lin, renommé a trente lieues dans les Flandres parmi les tisseurs de batiste. Elle les remit à sa mère glorifiée du courage de sa bru. Les quatre