Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/219

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PAUVRES FLEURS 205 enfants couvrirent de baisers et de caresses son beau visage qu’elle penchait vers eux, se livrant tout émue à la joie qu’ils ressentaient de sa présence. Dans l’empressement de les serrer tous contre elle, l’étroit bonnet, retenant à grand’peine sa lourde chevelure, glissa sous le poids de cette parure cachée, et ses cheveux blonds, les plus admirables que l’on ait vus au monde se répandirent par flots ; les petites têtes empressées disparurent sous ce voile soyeux et doré ; il tombait jusqu’à terre…" A propos du vers de Marceline : Elle se défendait de me faire savante…. on nous permettra de transcrire une note d’Hippolyte Valmore que nous a conservée Arthur Pougin : "Le fait est qu’elle ne savait rien, ni histoire, ni géographie, ni rien de ce qu’on apprend en pension. Elle avait acquis l’écriture en copiant de l’imprimé, et n’était pas plus instruite qu’une petite mercière de petite ville, il y a un siècle… Mais elle savait pénétrer les cœurs, conseiller, relever, donner sans humilier, cacher ses douleurs aux siens et se montrer gaie. Elle savait écouter, s’ennuyer, enfin une foule de choses familières aux gens bien élevés. Elle ignorait ce qui s’enseigne, et possédait ce qui ne s’apprend pas. Plus chré- tienne que catholique, malgré quelques superstitions gracieuses, elle avait le vrai sentiment religieux. On l’eût dite née dans les premiers siècles de l’Eglise, et plus près de la crêche que du Vatican. Dans la lettre dont nous avons cité un fragment au début de la présente note, Marceline, exprimant à Latour sa recon- naissance pour les corrections qu’il a apportées à quelques-unes de ses poésies, ajoute avec une modestie incroyable : "Vous êtes ingénieux à cacher les fautes ou à leur créer des excuses, et j’en ai pleuré de reconnaissance ; car tout ce que j’écris doit être, en effet, monstrueux d’incohérence, de mots impro- pres et mal placés. J’en aurais honte si j’y pensais sérieusement ; mais, Monsieur, ai-je le temps ? Je ne vois âme qui vive de ce monde littéraire qui forme le goût, qui épure le langage. „ Marceline considérait le latin comme une " langue savante interdite à tout ce qui vient au monde sans barbe, , (Lettre à