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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/221

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PAUVRES FLEURS 11 207 Pourquoi ce souvenir s’éveille-t-il aujourd’hui plus doux et plus triste ? Et d’où vient que je cède sans résistance à l’entraînement de vous chercher, d’oser ce que je n’ai osé de ma vie : saluer une des gloires les plus pures de ma chère ville natale, et me réfugier un moment dans l’indulgence de l’homme qui tant de fois a consolé ma pauvre maison, rue Notre-Dame, et tous ceux qui l’habitaient : Félix Desbordes, humble peintre, sa femme Catherine et ses enfants, dont j’étais le dernier, et souvent caressé par votre bonté grave et pénétrante ; car je vous vois encore parmi ces chères images. Me pardonnez-vous, Monsieur, d’avoir tant de mémoire et surtout tant de courage ? Il y a des jours où l’on est si triste que l’on attend beaucoup de Dieu. Tous mes parents aimés ont disparu de la terre. Voulez-vous me permettre d’attacher votre nom à quelques vers consacrés à des regrets qui vivent en moi et qui cherchent votre gloire ? Je vous les enverrai : vous les lirez du cœur, et s’ils ne vous paraissent pas indignes de s’attacher à votre souvenir, vous m’autoriserez à vous les dédier. Une seule ligne de vous, Monsieur, me fera du bien. Vous ne dédaignerez pas d’étendre jusqu’à moi cette habitude de votre belle vie. (Lyon, 10 avril 1836. Lettre inédite conservée à la Bibliothèque de Douai.) Comme le docteur Taranget n’avait pas répondu à sa lettre, Marceline écrivit à Duthillceul, en le " priant, dit-elle de mettre quelques vers à l’honorable docteur Taranget. Ils’n’ont pu je ne sais pourquoi, ajoute-t-elle, parvenir encore jusqu’à cette solide gloire de notre bien aimé pays., , (Lyon, 23 mai 1836. Collection de la Bibliothèque de Douai). A propos du vers : Que ton nom a tremblé dans sa febrile voix, rappelons que Marceline, au cours de sa vie, souffrit périodi- quement de la fièvre. Elle fait de fréquentes allusions dans ses lettres à cette mystérieuse et incurable maladie, comme on pourra le voir par les fragments que nous reproduisons ci- dessous :