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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/234

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220 PAUVRES FLEURS paraissait. Il paraissait toujours sans m’avoir dit de l’attendre. Que le bonheur le plus pur l’en récompense !, Dans son conte des Petits Flamands, Marceline a mis en scène son petit ami Henry sous le nom de Ferdinand ; elle-même s’y appelle Agnès Aldenhoff. Le conte s’ouvre sur une jolie description de la fête des Innocents en Flandre, où l’usage voulait que l’on donnât aux enfants, pendant "un jour tout entier de l’année, le gouver- nement de la maison paternelle. Ce jour-là, le dernier-né com- mande en maître, , après que, selon la tradition, il a revêtu les habits du chef de la famille. En l’année où se passe le conte, Agnès était l’innocente et, parée des vêtements de sa grand’mère, elle se tenait ferme "sous l’ample jupe de camelot noir bril- lant, raccourcie à sa taille au moyen de grands plis que l’aïeule avait faufilés la veille. Le corsage à basques gothiques la couvrait tout entière. Elle ne pouvait bouger ; mais qu’elle était contente et qu’elle était jolie, coiffée du large bonnet de linon à tuyaux roides qui entourait sa figure mignonne ! Sa joie fut encore rehaussée d’une belle faille en soie de Grenade, qui ne se déployait sur la tête de l’aïeule, à la manière des saintes femmes, que dans les grandes occasions…..Agnès fut menée au seuil pour être vue des passants et des bons voisins qui l’aimaient. Ils la regardèrent avec bienveillance à travers leurs vitres et leurs jalousies en guipure de fil gris. Elle demeura là patiemment vouée aux saluts de ceux qui paraissaient contents de son beau jour… Il y avait dans la rue une autre "inno- cente, mais, c’était une petite fille riche et dédaigneuse, et quand Agnès, de loin, lui envoya un baiser, elle se détourna avec dédain. "-Ne lui fais donc pas honneur à cette froide innocente, dit une jeune voix ferme dans l’oreille d’Agnès, qui bondit. Cette voix était celle d’un troisième innocent habillé en grand-père, fils de l’avare possesseur de la maison habitée par la famille Aldenhoff. Depuis un quart d’heure, le petit voisin regardait Agnès du haut de sa porte, à lui, de sa porte en face, élevée au-dessus du sol par un large perron à rampe de fer doré dans le goût espagnol. On voyait pendre à cette porte,