Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/248

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234 PAUVRES FLEURS et. des mots, dont l’impression sur la mienne est aussi ineffa- çable que son malheur. Le malheur est donc sublime ! "Si vous avez, comme je n’en doute pas, l’occasion de lui écrire, sachez de lui s’il a reçu ma réponse. Elle contenait ces vers transcrits pour lui et des larmes aussi qui voulaient passer à travers les grilles. Quand je vous disais, Gergerès, d’ouvrir toutes les prisons politiques ! Allez ! j’ai de l’instinct. Dieu n’a rien fait de tout ce que les hommes fabriquent avec du fer. Je mourrai triste, car je laisserai au monde les prisons et la peine de mort. Ah ! si j’avais les clefs de tout cela, Gergerès, quel pèlerinage ! Je prie Dieu en vous écrivant ; car tout l’amour dont mon âme était pleine et dont on n’a pas voulu en ce monde, se change en pitié pour ceux qui souffrent comme j’ai souffert, et ma bénédiction sur M. de Peyronnet lui portera bonheur. Ah ! si la fourmi pouvait faire envoler la colombe ! Le prisonnier répondit à la poésie de Marceline par de fort mauvais vers dont voici un échantillon : "C’est à toi de pleurer, c’est à moi de souffrir. Pleure et tes pleurs sacrés allégeront mes chaînes….. Et pendant que je lutte avec le malheur, toi, Toi, Sapho, toi, Tyrtée, anime et soutiens-moi !, Ecrivant peu après une lettre à Marceline pour la remercier du poème qu’elle lui avait dédié, il ajoutait : " Gergerès vous a-t-il dit, Madame, qu’ayant eu quelque envie de publier la réponse que je vous avais adressée l’an passé, je l’avais un peu changée, sinon corrigée ? Je voulais qu’on vous l’offrît dans sa nouvelle parure, et qu’on vous demandât d’ailleurs votre assentiment. (Ham, 22 octobre 1834. Citée par A. Pougin). Marceline avait aussi corrigé son poème et elle écrivit à ce sujet à Gergerès : "Ne laissez pas paraître dans la Gironde les vers incomplets pour M. de Peyronnet ; je les ai envoyés tout corrigés à la Revue du Nord, à Lille, où j’ai lu plusieurs fois des articles si remarquables de cet homme infortuné. Si vous les voulez, je vous les enverrai moins indignes du senti- ment qui me les a fait écrire., , (Lyon, 17 février 1835).