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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/260

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246 PAUVRES FLEURS Nous avons déjà eu l’occasion de parler de la charité et de la générosité de Marceline. Voici un extrait d’une notice qu’Hippolyte Valmore a faite sur sa mère, à la demande de son ami Lacaussade : "Elle me disait parfois q’un objet quelconque, précieux ou non, ne lui semblait plus être rien, aussitôt qu’il avait été désiré par quelqu’un. Et elle le donnait, et elle n’a cessé de donner jusqu’à la fin. Son armoire était vide des vêtements les plus nécessaires au moment où elle cessa de vivre. Da pe morte, dit le Roumain, donne jusqu’à la mort. C’était bien sa devise. Les pauvres ont été constamment l’objet des plus hau- tes manifestations de son âme. Il y avait de la sainte en elle dans le mouvement qui la portait dès l’enfance vers les déshérités de l’humanité. Elle s’excusait d’être ou de paraître plus heureuse qu’eux,. Sa charité ne se bornait pas à distribuer en aumônes le peu d’argent qu’elle possédait. Quand elle n’avait plus rien, elle donnait son temps : elle faisait des démarches pour des malheureux, elle adressait des suppliques aux ministres, elle visitait des prisonniers et leur chantait des romances pour les distraire. "Je ne sais quel sentier amène ainsi toutes les douleurs vers les miennes, écrivait-elle à Valmore peu après la publi- cation de Pauvres fleurs. Je comprendrais cela, si au désir de les soulager se joignait la possibilité de le faire. Mais plus ! Mais point !… (Paris, 27 mai 1839). Marceline s’efforça d’inculquer à ses enfants la pitié et la charité dès leur plus jeune âge. Chaque occasion lui était bonne. Elle écrit à son fils, en pension à Grenoble : "… Il y a ici un prédicateur qui fait grande émotion. Ton petit papa l’a en- tendu et s’afflige de ce qu’il ne fait pas usage de sa belle et grande voix pour prêcher la charité. O charité ! qui fait les doux entretiens et les relations innocentes ! Apprends bien ce mot dans toutes les langues, mon ange, et écris-le moi, je t’en prie. Je ne le sais bien que dans la langue de l’âme. Pour- quoi sommes-nous pauvres et pourquoi y a-t-il des pauvres ? " (Lyon, 9 décembre 1836).