Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/262

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

248 PAUVRES FLEURS jour par jour, la tâche d’étude qui t’est donnée. Un peu à la fois, tu te trouveras moins ignorant et muni de quelques pro- visions pour ta route, quelle qu’elle soit. Une science n’est jamais de trop, et l’on bénit dans quelque circonstance imprévue ceux qui nous l’ont apprise, qui ont eu la vertu de lutter contre l’aversion de leur élève. J’ai vu pleurer mon oncle à quarante-cinq ans d’avoir refusé d’apprendre la perspective. (8 janvier 1836). Un regret inutile est toujours fort amer. Une autre fois, elle lui disait : "Au revoir, bon courage à l’étude ! Emplis tes poches et tes greniers pour l’avenir, mon fils. Une bonne éducation bien retenue est la clef d’une position honorable, et dans la vie est d’un bon accueil par- tout. (26 juin 1836). 11 53. Dans le port de Marseille (LE RÊVE DU MOUSSE). Cette pièce a été publiée dans le Chansonnier des Grâces de 1834 (L’air était froid, ma mère…), avec de la musique d’Andrade ; elle a été aussi mise en musique par Pauline Du- chambge. Sainte-Beuve écrivait à Madame Desbordes — Valmore de Lausanne, où il faisait un cours de littérature française : "… Quand je dis que la poésie est loin, j’entends du milieu de mes journées ; car le soir, chez les amis chez qui je suis, M. et Madame Olivier, tous deux poètes et vrais poètes, nous en parlons ; ils m’en disent, ils me chantent de leurs chants ou des vôtres. Ceci n’est que vrai. L’autre soir, un de nos étudiants d’ici, M. Durand, jeune troubadour qui fait des chansons et les chante sur la guitare, nous a, entre autres choses et sans qu’on le lui demandât, chanté Le rêve du jeune mousse. Jugez de ma joie émue ! Je me rappelais cette soirée chez madame de Simonis, et sa voix me revenait sous celle de notre jeune chanteur. Ainsi nous faisons. J’ai lu à mes amis les vers à Pauline. Comme ils ont compris ! Remer- ciez-la de ses douleurs, qui inspirent de telles plaintes et qui sont nées elles-mêmes d’une âme brisée dans ses chants !… n (2 janvier 1838).