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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/325

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BOUQUETS ET PRIÈRES 311 Hugo a soufflé dessus avec sa puissante haleine. Son ode est grande comme le rocher, et puis adorable de tendresse. Il nous venge., , (15 décembre 1840). Après avoir assisté au retour des cendres, Marceline adres- sait cette lettre enflammée à Caroline Branchu, qui, si l’on en croit les biographes, avait été jadis une des conquêtes heureuses et enviées de Bonaparte : "Le 15 décembre 1840. Napoléon dans Paris. "Il est rentré sous le soleil qui ne l’a jamais quitté en France, Caroline. Il est avec nous, il couche cette nuit au milieu de son peuple harassé de joie et d’émotions. Dieu ! quel repos !… Je ne comprends pas que tu ne sois pas là près de moi, ma chère amie, à nous en parler ensemble. Mais non, tu n’aurais pu peut-être supporter ce spectacle ; il aurait épuisé ta vie et je t’approuve du courage qui t’en a éloigné. "Il est revenu vraiment entre ciel et terre. Comme on est sûr qu’il planait sur sa ville bien-aimée. Chère amie ! que c’était solennel et beau ! Demande à Orléans le journal Le Siècle, du 14, hier. Victor Hugo vient d’écrire une admirable pièce sur lui. Je te jure que toute cette poésie semble être écrite avec du sang de l’Empereur du monde, lâchement assassiné… Il nous venge de l’Angleterre et lui donne le soufflet de la France avec l’aile de l’Aigle impériale. Oh ! c’est grand ! "Je pensais, ce matin, que je regardais ce spectacle pour toi et pour moi. Non, je n’avais pas froid. Le ciel brûlait de clarté au moment où il entra aux Champs-Elysées. Le canon m’a fait bondir comme sa voix. Il disait, j’en suis sûre : "Je vous aime toujours !, , Va, Caroline, nous le reverrons partout. N’a-t-il pas été l’âme de la France ! Il est impossible qu’il ne fût pas au-dessus d’elle ce matin et qu’il ne la réchauffe pas, maintenant, de ses grands rayonnements. Mon cœur a la fièvre. Je n’ai pu dormir l’autre nuit ; cette nuit, je la passerai sans doute au pied de l’autel qu’on lui a fait enfin ! "Je n’écris qu’à toi et à Péla et à mon mari, dans le trouble où je suis. Je sens que c’est à qui m’entend que je parle ; mal ou bien. Pauvre Caroline, tu connaîtras un peu