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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/327

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BOUQUETS ET PRIÈRES 313 dans un journal de Rouen ; puis elle lui chercha des souscripteurs pour la publication de son premier volume : Heures de repos d’un ouvrier. Dans ce but, elle s’adressa à Béranger, à Chateau- briand et, comme on le verra plus loin, à son ami Antoine de Latour. Envoyant une poésie de Lebreton à Sainte-Beuve, elle l’accompagne de cette lettre : "C’est au cœur de M. de Sainte-Beuve que j’envoie une des choses les plus faites pour le toucher. Si je n’étais pas tout à fait malade en ce moment, je lui racon- terais la triste et simple histoire du jeune infirme, qui ne marche plus, qui ne parle plus et ne peut même signer son Ame, qu’il adresse à son poète bien-aimé, vous, Monsieur, dont les Conso- lations ont souvent enchanté sa vie qui s’en va, à vingt-trois ans ! (Lyon, 28 octobre 1836. Publiée par Spoelbergh de Lovenjoul, Sainte-Beuve inconnu). Tiré de l’obscurité par son illustre protectrice, Théodore Lebreton publia bientôt ses Heures de repos, qu’il fit suivre d’autres recueils. Il fut nommé en 1840 conservateur de la Bibliothèque de Rouen ; en 1848, 150.000 suffrages de ses compatriotes l’envoyaient à l’Assemblée constituante. Non réélu à l’Assemblée Législative, il termina paisiblement sa vie dans sa bibliothèque (cf. Pougin, La jeunesse de M. D.-V.). Voici la lettre charmante que Marceline adressait à M. de Latour pour lui recommander les essais du poète-ouvrier : " Monsieur, "Il est dit dans un livre qu’un pauvre oiseau jeté à terre et roulé dans le vent de l’orage, fut relevé par une créature charitable et puissante, qui lui remit son aile malade comme eût fait Dieu lui-même ; après quoi l’oiseau retourna où vont les oiseaux, au ciel et aux orages. "Le guérisseur n’ouït plus parler de lui et dit : "La reconnaissanee, où est-elle ? "Un jour, il entendit frapper vivement à sa fenêtre et l’ouvrit. Dieu lui répondait. L’oiseau lui en ramenait un autre, blessé, traînant son vol et mourant.